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Le déroulement d’une réunion à bière des Xhosa.
La bière est bue dans des pichets métalliques ou de terre cuite de 10 à 5 litres. Les pichets passent de main en main et de lèvres en lèvres. Le boire collectif exclut des verres individuels. On boit dehors dans la cour ou dans une maison, jamais dans l’enclos du bétail réservé pour les cérémonies et offrandes de bière aux ancêtres.
La place et le regroupement des invités dépend de leur clan et sous-clan. Chaque distribution s’accompagne de discours, de louanges et de prières à haute voix qui mettent en valeur les talents oratoires des hôtes (McAllister 201-225).
La réunion débute le matin par la distribution d’un pichet de bière (10 à 7 litres) aux premiers arrivés pour les informer de l’objet de la réunion (ibhekile yokwazisa, pichet pour faire savoir).
Le chef de la maisonnée offre ensuite des pichets de bière aux amis, personnes qu’on veut honorer, contenter ou chérir. Son épouse procède de même avec ses amies ou voisines. Cette distribution de bière se nomme iminono.
Il passe ensuite la main à un maître de cérémonie (injoli) qui appartient à la section territoriale de la ferme. Celui qui a fait brasser la bière n’est plus celui qui va l’offrir. La réunion à bière est un boire collectif régit par le clan ou le sous-clan, pas par l’individu qui invite. Demain, ce dernier et sa famille boiront la bière des autres, et il sera peut-être maître de cérémonie. Les lois de la réciprocité et du bon esprit sont au-dessus du désir des calculs de l’individu.
Le maître de cérémonie répartit les pots de bière selon les quartiers où habitent les invités, leur âge et leur sexe. Rien ne peut modifier cette distribution. Les invités qui arrivent plus tard reçoivent la « bière cachée » prévue à cet effet.
Les coutumes sont les pots de bière traditionnellement donnés aux membres de la famille organisatrice :
- iimvuko : les pots de bière pour le quartier de l’hôte qui reçoit
- umpath’ isibonda : le pot de bière pour le chef du sous-quartier s’il est présent. C’est lui qui dira aux autres membres absents du sous-quartier ce qui s’est dit pendant la réunion.
- intluzelo : pots de bière quand la réunion est organisée pour le retour d’un travailleur migrant
- isikhonkwane : pots de bière quand la réunion est organisée pour vendre de la bière et financer des travaux au bénéfice de la collectivité.
- umcakulo : pots de bière distribués quand la réunion passe des coutumes préliminaires au boire principal.
Après les coutumes commence le boire principal (intselo). Les pots de bière sont répartis selon une pratique (ukulawula) assez complexe qui tient compte de l’ordre social, de l’âge, du sexe des invités. Cette distribution affecte la place physique des invités, la quantité de bière offerte, l’ordre dans lequel elle sera bue. Une fois que les pots de bière sont distribués, on passe instantanément d’une réunion révérencieuse où les discours se succèdent dans le silence à un groupe bruyant et chaotique où chacun et chacune bouge, boit et traite ses affaires quotidiennes.
La réunion à bière est close quand le maître de cérémonie distribue les pots de bière-ivanya, une bière diluée brassée par rinçage des drêches de la bière umqombothi.
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| Distribution des portions de bière entre sous-clans et quartiers (McAllister) | Jeunes hommes initiés buvant la bière (McAllister) | Groupe féminin buvant de la bière (McAllister) | Jeunes hommes circoncis (Amakwrala) buvant des pots de bière umqombothi après la terrible épreuve |
Pendant les travaux agricoles, la bière est distribuée dans les champs et bue sur place. Cette boisson collective porte un nom particulier : umgqibelo. Sa répartition est néanmoins gouvernée par des coutumes et des différences établies à l’intérieur d’un clan, selon le statut social, l’âge ou le sexe. Les femmes brassent la bière, les hommes aînés qui organisent le travail collectif (défrichage, labour, moisson,) président à la répartition de la bière. La bière garde sa double fonction originelle : boisson et nourriture à la fois. Voisins et voisines qui n’ont pas travaillé sont admis au partage qui se fait sur place. Ils sont assimilés au porc épic, l’animal qui visite les jardins sans y avoir travaillé. Cette coutume montre que la bière ne joue pas le rôle d’un salaire en nature ou d’une rétribution.
La répartition de la bière par les hommes n’est pas une règle absolue. Certains travaux agricoles collectifs sont effectués par des femmes (couper herbes et roseaux pour couvrir les maisons, désherber). La répartition de la bière se fait alors entre femmes. Après des travaux agricoles effectués par de jeunes hommes, il arrive que les femmes répartissent la bière entre eux (McAllister 230).