Les cultures amérindiennes du Mississippi (800-1600).
Connues pour avoir élevé des tumulus et d'énormes terrassements le long du Mississippi et ses affluents, ces cultures amérindiennes du centre des Etats-Unis actuels étaient non seulement bâtisseuses mais aussi cultivatrices de maïs, haricots, fèves et courges. Elles stockaient et redistribuaient de grandes quantités de grains. On le sait grâce aux témoignages des voyageurs et aux fouilles archéologiques les plus récentes.
Mais contre toute attente, ces sociétés complexes et culturellement très avancées n'ont pas brassé de la bière de maïs. Ce constat pose une question brûlante. Nous avons postulé qu'un certain niveau de complexité sociale menait "automatiquement" à la naissance de la brasserie, quand les conditions matérielles de la fabrication de la bière étaient réunies (sources d'amidon abondantes, poterie, usage du feu, etc.). Tel semble être le cas avec les sociétés amérindiennes du Mississippi.
Pourtant, aucune traces de bière de maïs, semble-t-il ! A la place, l'usage du tabac, de plantes psychotropes et d'une boisson émétique non fermentée à base de baies. En réalité, plusieurs sociétés nord-amérindiennes ont brassé de la bière et intégré la bière dans leurs usages sociaux depuis le 10ème siècle : Pueblos, Zunis, ... avec la bière de maïs; Yumas, Pimas, Maricopas, Tumas et Apaches avec la bière de caroubier; Creek et Cherokees avec la bière de maïs; et même les Hurons plus au nord.
Le modèle proposé rend compte de l'histoire de la brasserie sur d'autres continents pour de nombreux contextes socio-politiques (chefferies, royaumes, empires). Le cas des sociétés nord-amérindiennes requiert un examen très attentif (Bassin brassicole Nord-américain).