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Les récits des plus anciennes explorations et colonisations espagnoles, françaises ou anglaises ne livrent que des informations indirectes sur l’existence de la bière avant les premiers contacts. Ils nous apprennent plusieurs choses.
Les premiers colons européens débarqués sur la côte atlantique, habitués aux eaux polluées des villes européennes, ont une priorité : brasser de la bière pour boire une boisson fermentée saine et réputée plus revigorante que l’eau fraîche. D’une colonie à l’autre, les matières premières varient. Les colonies dont l’agriculture suit le modèle européen (blé, orge, avoine, seigle) brassent leurs bières avec ces céréales quand elles peuvent être cultivées. Pour brasser leurs bières, d’autres adoptent d’emblée les variétés de maïs et de haricots cultivées par les Amérindiens. Au Canada ou le long de la côte atlantique, le même scénario se répète : les colons européens initient les Amérindiens à l’art du brassage. Les documents ne mentionnent aucune bières autochtones ou tradition brassicole amérindienne sur la côte atlantique avant l’arrivée des colons.
Dans le sud du sous-continent américain, les colons espagnols les plus riches et le clergé privilégient le vin, les autres boivent les boissons fermentées autochtones que les Amérindiennes brassent depuis plusieurs siècles (cf. Pueblos Ancestraux). Mais seuls les premiers écrivent et laissent des témoignages qui vont tous dans le même sens : mépris des populations amérindiennes et conversion forcée au catholicisme. C’est ainsi qu’on a connaissance des bières autochtones de maïs ou de graines de caroube et des boissons fermentées d’agave ou de divers fruits, boissons confectionnées dans le Sud-ouest avant l’arrivée des colons européens.
En Floride les choses sont moins claires. La courte colonisation française près de l’embouchure du Mississippi, en pays Natchez, livre quelques indices d’un brassage de bière de maïs par les Amérindiens. La question récurrente se pose : les Natchez et d’autres peuples voisins brassaient-ils de la bière avant l’arrivée des Espagnols et des Français ?
Nous proposons une revue des premiers contacts par ordre chronologique.
Les Islandais d’abord vers 985.
La Saga de Thorfinn Karlsefni (ou Saga d’Eric le Rouge) raconte le détail de ces découvertes et atteste du soin que prenaient les marins norois de naviguer avec des provisions de malt à bord pour brasser de la bière et se protéger du scorbut. Les rares contacts plus ou moins belliqueux avec les autochtones du Groënland ou de Terre-Neuve que les Islandais baptisent Skræling ne mentionnent pas les boissons de ces derniers. Les baies, les variétés de salsepareille et la vigne sauvage (Vitis riparia) abondent. Les Islandais habitués à leur île volcanique déboisée baptisent le pays Vinland, « pays du vin » ou « pays de prairies ».